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PHILIPPEVILLE : Des photos taguées à la bombe noire

L’art est apprécié différemment par chacun, ce qui est beau pour l’un est considéré comme intolérable pour d’autres, comme ces photos de nus.

Depuis la fin juin, de superbes photos ont été accrochées aux quatre coins de la cité Vauban, dans le cadre de l’opération baptisée Phestival. Le public est ravi des ces photos axées sur le thème de la famille. Tout monde s’accorde sur la beauté des clichés, des impressions positives qui s’en dégagent, et même de l’étonnement face aux photos de type « urbex ». Mais là où les avis divergent, c’est à propos de quelques une de la série exposée sur la Plaine du Quartier Brûlé. Elles sont l’oeuvre de Alain Laboile qui avait commencé sa collection de photos de ses propres enfants avant de qu’elles ne quittent le cadre intimiste pour être exposées aux quatre coins du monde.
Si la plupart de ces photos sont même attendrissantes, quelques unes sortent du lot et posent questions à de nombreuses personnes qui n’ont pas hésité à manifester leur désapprobation sur les réseaux et dans les discussions sur le marché du samedi. « Tout simplement aberrant, intolérable« , « comment on a pu accepter d’exposer ces photos« , « les enfants nus, c’est vraiment déplacé » , « Je trouve ces photos pas du tout adaptées… Ni pour le public ni pour le privé« , voici quelques échantillons de remarques formulée face à quelques photos. Certains font même le rapprochement avec l’affaire Dutroux : « A l’heure où on parle de la protection des enfant, pour moi y a des gens qui on oublié la catastrophe d’il y a 28 ans« .
Mais que voit-on sur ces photos au point d’indigner ces gens ? Une montre des enfants complètement nus, une autre une fillette nue de face, et une autre, une vue prise « comme sous les jupes » des filles et montre le sous-vêtement de la gamine. Parole de photographe, ces clichés sont esthétiquement très bien réussis. Quant au fait de les exposer à la vue de tous, c’est un autre débat…
En tout cas, il est certain que des personnes ont trouvé cela tellement de mauvais goût, que des parties de six photos, selon les organisateurs, ont été recouvertes de peinture noire, comme pour marquer une profonde désapprobation.

Les organisateurs parlent de « pudibonderie mal placée »

Les organisateurs de cette exposition, qui rappelons-le, comporte de magnifiques clichés ont réagit : « Ce geste déplorable nous attriste profondément, car il remet en question les valeurs de partage, d’expression artistique et de respect qui sont au cœur de notre communauté. Le Centre Culturel et la Ville de Philippeville ont immédiatement réagi en déposant une plainte auprès des autorités compétentes. »

Olivier Rayp, un des initiateurs du Phestival avec le centre culturel s’exprime à ce sujet : « C’est navrant parce qu’il s’agit de pudibonderie mal placée, réagit-il. Il n’y a rien de malsain dans ces photos à l’esthétique magnifique de par la lumière et les cadrages. Ce qui est malsain, c’est de voir du mal dans ces clichés. Il s’agit d’images des six enfants du photographe, Alain Laboile. Dans cette famille un peu bohème, ils ont l’habitude de jouer nus. Avant d’exposer ces images au public, il leur demande systématiquement la permission et ce qu’ils en pensent. C’est une démarche artistique qui se déroule dans le respect de tous. »
Olivier Rayp explique que la question avait d’ailleurs été abordée avant le début du Phestival. « Personne dans le comité n’avait perçu de problème dans ces tirages, reprend-il. Nous avons alors décidé de présenter l’œuvre de cet artiste reconnu dans son intégralité. Nous misions sur l’intelligence du public. Mais certains n’ont pas compris cette démarche. Et s’ils ne l’ont pas comprise, tant pis ! Ils peuvent regarder ailleurs, mais certainement pas empêcher le public de les admirer et de les apprécier. Je rappelle que, malheureusement, il y a des choses beaucoup plus choquantes à la télévision ou dans les pubs. »

En tant que présidente du centre culturel, Martine Warnon-Deschamps a personnellement été déposé plainte à la police. « J’espère que cela incitera certains à ne pas réitérer ce geste, insiste-t-elle. Nous avons bien l’intention de replacer ces œuvres quand elles auront été nettoyées, ce qui ne sera pas facile tant le ou les auteurs ont insisté avec leur bombe de peinture noire. C’est de la pure dégradation d’une œuvre artistique qui, en outre, met à mal le travail de bénévoles et qui permet de mettre en valeur notre Ville. La démarche du photographe, qui est aussi papa, est pourtant bien expliquée sur le site du Phestival. Si cela dérange, il suffit de ne pas regarder. À ma connaissance, cette exposition n’a pas connu ce type de problème ailleurs. J’espère que ce problème ne se représentera plus. »

 

 

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